L’histoire complexe de la maison H.Moser & Cie n’éclipse pas la sobriété et l’excellence horlogère de ces garde-temps, aux mouvements d’une haute technicité. Retour sur « la petite perle de Schaffhouse »…
H.Moser & Cie : des débuts à Saint-Pétersbourg mais des racines familiales à Schaffhouse
Si L’histoire de H.Moser & Cie débute à Saint-Pétersbourg, l’héritage de Heinrich Moser est bel et bien originaire de Schaffhouse, en Suisse. Le grand-père de Heinrich Moser, Johannes Moser prend à sa charge le poste honorifique d’horloger de la ville, transmissible par héritage. Ainsi, Erhard Moser reprendra à son tour ce poste quelques années plus tard.
Johann Heinrich Moser, venu au monde en 1805, apprend ainsi le métier d’horloger chez son père entre 1820 et 1824. A l’âge de 19 ans, le jeune homme a déjà acquis une certaine expérience de la pratique, et commence à travailler comme horloger indépendant.
Des perspectives lucratives du côté de la ville de Saint-Pétersbourg, en Russie conduisent Heinrich Moser à s’établir progressivement sur place, d’abord dans des ateliers locaux. C’est en 1828 qu’il décide alors d’y ouvrir un comptoir en son nom propre, sur la prestigieuse Nevskij Prospekt. Le comptoir de Moser s’avère dès lors florissant.
Afin de répondre aux exigences de qualité de sa clientèle, Heinrich Moser fonde au Locle un deuxième atelier baptisé « Henri Moser au Locle », et destiné à fabriquer de manière exclusive des montres pour sa société en Europe et en Russie. De retour en Suisse au milieu du siècle vers 1848, Heinrich Moser devient l’une des plus grands artisans de l’industrialisation de la ville de Schaffhouse.
Son décès en 1874 laisse à son épouse, la baronne Fanny von Sulzer-Wart, l’intégralité de tous les commerces ainsi que de l’horlogerie du Locle. Celle-ci décide alors de vendre l’ensemble du comptoir commercial russe au directeur des lieux, Johann Winterhalter, et l’horlogerie du Locle à Paul Girard. A sa mort, on estime la fortune totale d’Heinrich Moser à plus de 170 millions de francs actuels, dont 103 millions en Russie et 67 millions en Suisse. La lignée des Moser s’éteindra en 1923.
L’entrée dans le XXe siècle et la renaissance en 2002
L’instabilité économique de la Russie, à partir de 1917, aura raison du marché russe de la montre privée, jusqu’alors dominé par les horlogers suisses. La manufacture du Locle continue cependant de fonctionner. Malgré la production intensive de montres-bracelets dans les années 1950, la crise générale des montres à quartz contraint la fabrique du Locle à intégrer le giron du groupe Dixi-Mécanique en 1979. L’entreprise est alors rebaptisée « Hy Moser & Cie ».
En 2002, le Dr Jürgen Lange et l’arrière-petit-fils de Heinrich Moser, Roger Nicholas Balsiger décident d’un commun accord, et avec l’aide d’investisseurs privés, de poser les fondations de la société d’horlogerie « Moser Schaffhausen AG ». Le Dr Jürgen Lange fait également enregistrer de nouveau la marque originelle H. Moser & Cie, à l’échelle internationale.
La société prend alors un nouveau départ avec le lancement de trois mouvements exclusifs à remontoir manuel : HMC321, HMC341 et HMC342. Durant les quelques dernières années, les montres développées par la nouvelle firme H. Moser & Cie cultivent l’art de l’élégance et de la sobriété, une tradition maison qui a réussi à travers le temps et les générations. Ainsi la boucle est-elle bouclée. Dans une interview, l’arrière-petit-fils résume la situation : « il est émouvant que 200 ans après sa naissance, nous puissions offrir à Heinrich Moser un retour à Schaffhouse en qualité d’horloger. »
Partager la publication "H.Moser & Cie : un grand nom de l’horlogerie"