C’est en mai dernier à Tokyo que s’est déroulée la 21e conférence ISO/TC 114. Ce nom barbare cache en réalité l’épineuse problématique de l’actualisation des normes internationales liées au secteur de l’horlogerie…
Les prémices du langage commun
Les normes structurent le quotidien des horlogers professionnels, afin de permettre l’harmonisation des langages de production. Sans les normes horlogères, l’industrie du même nom n’aurait sans doute pas la même influence prestigieuse à travers le monde. René Le Coultre, responsable Normes et Standards à la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) de 1962 à 1970 résume cette philosophie qui habite les industriels horlogers : « Une norme établit des critères d’évaluation et la manière dont cette évaluation doit être menée, cela pour créer un langage commun. »
C’est ainsi que les premières conférences dédiées aux normes internationales furent lancées dès 1964, mais les premiers travaux de réflexion de l’horlogerie suisse en matière de réflexion commune commencèrent bien plus tôt, dans les années 1920. C’était l’époque de l’Association suisse de normalisation, dont découleront les normes NIHS. L’objectif était alors de faire s’entendre les différents protagonistes sur la morphologie des pièces et l’harmonisation des formes et tailles, en vue d’une meilleure industrialisation. L’uniformisation des pièces était également une préoccupation particulière du service après-vente, afin de gagner en efficience.
Un minimum requis à surpasser
Depuis 1964, donc, les conférences donnent le ton sur près de 32 normes actuelles, aux déterminations précises. Au total, ces normes permirent d’accorder les 11 pays participants sur des sujets aussi sensibles que la précision chronométrique, l’étanchéité ou le magnétisme. L’objectif final est de parvenir à créer des plates-formes de dialogue communes pour améliorer la qualité des produits.
Mais les normes permettent également aux clients de situer et comparer les marques entre elles, puisque celles-ci ne les adoptent pas toutes. Luc de Siebenthal, coordinateur R&D Mouvement chez Vacheron Constantin, nous explique que « les normes donnent des éléments permettant la comparaison. […] Cependant, lorsqu’une norme se généralise, on tend à oublier les efforts et les difficultés qu’il a fallu surmonter pour l’obtenir. » Pour la marque Vacheron Constantin, les normes représentent dès lors un minimum requis à surpasser constamment.