Si la marque Jaquet Droz a acquis ses lettres de noblesse à la cour d’Espagne au XVIIIe siècle, elle fût cependant endormie durant près de deux siècles, avant de renaître à l’aube des années 2000. Découvrez une histoire vieille de 275 ans…

Les origines helvétiques et le triomphe à Madrid

Pierre Jaquet-Droz (1721-1790) est né à La Chaux-de-Fonds à Neuchâtel. Après une instruction élémentaire dans sa ville natale, il devient notamment l’un des élèves de l’illustre mathématicien Daniel Bernoulli. Il se destine cependant à l’horlogerie en 1740 et ouvre dès 1738 auparavant son premier atelier à La Chaux-de-Fonds. Il y réalise une série de pendules dites longues-lignes (horloges de parquet) agrémentées de mouvements d’horlogerie de musique et d’automates. Les mouvements réalisés sont réputés comme surclassant largement toute la production de l’époque. C’est en 1758 que Pierre Jaquet-Droz, à l’âge de 37 ans entreprend de visiter la cour d’Espagne avec son beau-père Abraham Louis Sandoz, et Jacques Gevril, un jeune ouvrier. Ils transporteront ainsi six pendules dans leur carriole spécialement aménagée pour l’occasion. Le Roi Ferdinand VI leur fait un véritable triomphe.

Succès des automates et renommée internationale

Le retour à La Chaux-de-Fonds est dès lors consacré à la fabrication exclusive de montres, pendules et autres automates. Pour renforcer le développement de l’entreprise, Pierre Jaquet Droz demande en 1769 à ses fils, Henry-Louis (qui termine ses études de mathématiques et de physique à Nancy) et Jean-Pierre Leschot (son fils adoptif) de le rejoindre. L’année 1773 correspond au succès des pièces d’horlogerie Jaquet Droz, au travers de la production des fameux automates androïdes qui enchantent les cours européennes. L’année suivante, la décision est prise d’établir un atelier à Londres. Ce sera le fils de Pierre Jaquet-Droz, Henri Louis qui se chargera de l’affaire et permettra ainsi à Jaquet-Droz d’accéder à une réputation internationale, notamment sur le marché de l’Extrême-Orient. L’avenir de la marque est ainsi assuré en Chines, aux Indes et au Japon. A partir de 1779, l’Empereur Qianlong lui même et les mandarins de la cour impériale sont séduits par les 600 pièces d’importations écoulées sur le territoire depuis 10 ans. Jaquet-Droz devient ainsi la première marque horlogère d’importation autorisée à la Cité Interdite. De nombreux objets furent conservés au musée du Palais Imperial.

L’aube de la Révolution Française et la disparition

Les Jaquet-Droz décident d’ouvrir en 1784 la première manufacture horlogère genevoise, spécialisée notamment dans la production et l’exportation de montres de grand luxe. Ce sont de fervents défenseurs des métiers d’arts horlogers, qu’ils développement grâce à l’art de l’émaillage, du paillonage, de la sculpture ou encore de la gravure. Malheureusement, Pierre et Henri-Louis décèdent à une année d’intervalle, de 1790 à 1791. C’est alors la fin de l’âge d’or de la période créatrice de la Maison Jaquet Droz.

La société baptisée à l’époque Jaquet-Droz & Leschot est reprise par Jean-Pierre Leschot, mais les événements économiques de la fin du XVIIIe siècle provoquent la faillite de l’entreprise. Ce n’est qu’à partir de 1920 que la marque « Jacquet Droz » est baptisée de son nom actuel. Malgré le rachat en 1960 par un groupe d’investisseurs et le lancement d’un produit estampillé au nom de la marque, celle-ci ne décollera pas.

L’entrée dans le XXIe siècle et le renouveau

En 2001, la marque est rachetée par le Swatch Group et connaît alors à nouveau le succès, au travers du segment prestige et luxe du groupe horloger. C’est en 2002 que la Grande Seconde rend hommage aux montres de poche créée au XVIIIème siècle. La Grande Seconde incarne le raffinement de la Maison Jaquet Droz, grâce à sa maîtrise de l’art de l’émail Grand Feu, une technique de décoration. Le cadran est ainsi entrelacé d’un compteur heures et minutes décentré à 12 heures, avec celui des secondes situé à 6 heures.

En 2008, le mythe horloger de la marque Jaquet Droz se perpétue, grâce à l’action de La Montre de Poche, directement inspirée du modèle phare imaginé en 1785. En 2011, Jaquet Droz développe ses Ateliers d’Art afin de faire perdurer les savoir-faire ancestraux chers à son identité historique. A l’heure actuelle, la marque Jaquet Droz s’inscrit pleinement dans le segment du luxe et du prestige au sein du Swatch Group, développant toujours plus de produits au caractère unique dotés d’un savoir-faire exceptionnel.