Situé juste à l’extérieur de Henley-on-Thames, au nord de Londres, se trouve un corps de ferme bien entretenu, autour duquel paissent des moutons : le siège de Bremont. Frères et co-fondateurs de la marque, Nick et Giles English sont passionnés par la vitesse et le temps. Outre l’aviation acrobatique et les motos, ils vouent la plupart de leur temps à une quête d’envergure : redonner à l’Angleterre le prestige de la haute horlogerie.
Tout au long du XVIème et du XVIIème siècle, le pays a marqué l’histoire horlogère d’illustres inventions, comme la première horloge marine de John Harrison ou la création de l’ancre libre par Thomas Mudge. La réputation du savoir-faire britannique était telle que nombre d’horlogers suisses et allemands, peu scrupuleux, inscrivaient « London » sur leurs cadrans. Les avancées se sont poursuivies jusqu’au XXème siècle, avec, notamment, la création de la marque Rolex à Londres, en 1905. Cependant, comme le dit Nick,
« Au début du XXème siècle, les syndicats, alors très influents, s’opposaient à la mécanisation car ils considéraient le processus destructeur d’emplois. Avec le recul, on sait maintenant que ce point de vue nous a fait perdre une industrie entière. Ensuite, les Suisses sont parvenus à rester en dehors de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui était très intelligent : ils pouvaient alors produire des montres pour les deux camps, sans véritable concurrence. »
Après un demi-siècle sans véritable activité horlogère pour l’Angleterre, Nick et Giles English ont su créer leur marque de montres. Inspirés par leur père Euan, docteur en génie aéronautique à l’ingéniosité débordante, les deux frères embarquèrent pour une aventure de longue haleine. Après cinq ans de tests et de mise au point, Bremont voyait le jour. En 2007, la marque mit en vente ses premières montres au nombre de 500 exemplaires environ.
« L’entrée sur le marché horloger est très difficile », affirme Giles. « Le temps de développement et l’équipement nécessaire font de l’horlogerie un métier gourmand en trésorerie. Vous avez intérêt à vendre des montres à la fin du cycle initial. »
Pour autant, les frères English ont choisi d’éviter les sentiers battus. Produisant plusieurs milliers de montres par an sans pour autant être la filiale d’un conglomérat de luxe, Bremont ne se revendique pas non plus d’une grande marque défunte. Sur le chemin, la marque a conquis des clients exigeants. Dans un monde où les marques horlogères célèbrent leurs liens avec les pilotes et les forces armées, Bremont est on ne peut plus légitime. La marque fournit des montres aux forces spéciales Britanniques, à la Naval Test Pilot School des Etats-Unis, à des escadrons qui pilotent Stratoforteresses, hélicoptères Apache et bombardiers furtifs B-2. Brémont a même créé une monntre pour un escadron de U-2 qui évolue à 100 000 mètres d’altitude et des températures de -40°C. Le slogan de Bremont, « Tested Beyond Endurance », confirme la place centrale qu’occupe l’ingénierie au sein de la maison.
En 2013, plus de 6 000 montres Bremont seront vendues. Alors que les revenus de la marque ont doublé en 2012, les frères ont décidé de re-localiser les unités d’assemblage suisses vers la ferme de Henley. Bremont a récemment ouvert des boutiques à Mayfair (Londres) et Hong Kong. Le futur horloger britannique semble donc être en de bonnes mains. Anecdote ironique : le nom Bremont est originellement celui d’un paysan français. Suite au crash des frères English lors d’une escapade aviatrice, l’homme les avait aidés en cachant l’avion au yeux des autorités françaises.
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